Sheet music
— Qu’est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ?
— Je ne sais pas.
Marguerite Duras
Que serait notre vision du monde et de la société si, au lieu des formes géométriques élémentaires (cercles, triangles, rectangles), la stylisation des motifs visuels s’était faite selon un autre système de signes — la notation musicale par exemple ? Cette question apparemment incongrue a mené Johannes Kreidler, musicien de formation, à développer un langage pictural radicalement différent : « Tout à coup, raconte-t-il, je ne lisais plus seulement les notes, je les voyais aussi — je les voyais même deux fois : en tant que symboles représentatifs du discours musical bien sûr, mais, dans le même temps, en tant qu’éléments picturaux indépendants. Avec des notes, je peux non seulement écrire de la musique, mais consigner également des objets, des événements, des mots et des pensées ».
Ainsi la partition transcende-t-elle le musical, pour gagner un territoire entre figuration et abstraction, formant des relations directes ou associatives avec d’autres signifiants, visuels, linguistiques, philosophiques, historiques ou même — pourquoi pas ? — musicaux… La concentration minimaliste de ces images imprimées, à laquelle s’ajoute l’humour souvent ravageur de l’artiste (« Sheet music », partition en anglais, ne peut-il pas s’entendre aussi comme « Shit music » ?), entraînent ainsi nos perceptions dans un tourbillon sémantique vertigineux.
Lost in translation.
Johannes Kreidler, exposition
En partenariat avec la MAPRAA
© Esther Kochte
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