Anna Gaïotti - "A Kiss Without Lips"
Dans cette réalité, mes rêves sèment la fiction des survivances.
À partir de ses recherches menées dans la basse vallée de l’Omo en Ethiopie, Anna Gaïotti entreprend l’écriture de la création A Kiss Without Lips. L’approche des danses et des musiques se joue pour cette création au cœur d’un travail d’écriture poétique et dans le prolongement d’une quête éthonomusicale auprès des tribus Hamar et Nyangatom. A Kiss Without Lips (AKWL) cherche à étendre les rencontres et les compréhensions d’un dialecte gestuel, sonore et spirituel ; AKWL tente d’apprécier son caractère ordinaire comme extraordinaire, telle une mémoire empruntée à la vie domestique, à son ennemi et aux monstres, à ses incarnations répétées et ritualisées par le corps vulnérable. AKWL engage une réflexion sur la fracture d’une écologie locale dévastée par une culture patriarcale, une économie mondialiste univoque provoquant une crise climatique et humaine irréversible. Ce baiser est l’espace-temps d’un voyage aux confins des frontières Kenyane et Sud-Soudanaise où, aujourd’hui, les terres et les êtres sont divisés, où les eaux et les peaux sont divisées, où le corps se divise en son cœur. À travers la lecture d’écrits qui oscillent entre recherche et fiction poétique, et de ses archives immatérielles (mémoire du corps dans les danses et dans le travail du métal), Anna Gaïotti fait lieu et lien entre les pensées ethnologiques et la possible narration de son amour avec ce pays, la transmission de son vécu et d’une lutte parmi les humains, les animaux, les plantes, les sorcières et les monstres. Un récit est né, de sa manière de venir et de revenir dans cette contrée, de toucher peu à peu et de s’acculturer, de participer aux temps de la vie quotidienne et aux gestes parmi les forgerons, les fermiers, les femmes et les enfants ; d’apprendre l’artisanat du métal, de l’écoute des silences et des bruits de la brousse, de sa pratique continue de l’écriture. « Une question reste : quand bien même je suis accueillie et que je me lie d’amitiés intègres, qu’est-ce que mon corps de femme blanche occidentale peut dire de la survivance d’une expression vivante d’un peuple ? J’interroge ma poésie et j’interroge la poésie des corps féminins Hamar et Nyangatom. J’interroge mon identité façonnée et j’interroge l’identité façonnée des femmes Hamar et Nyangatom. » L’objet de cette création n’est pas de s’approprier une expression qui n’est pas sienne, Anna Gaïotti réfute toute forme d’exotisme. Elle souhaite concevoir le plateau et ses écritures comme un espace où sont réverbérés deux mondes qui la cohabitent : là-bas et ici. L’être exilé est partagé entre ce qui l’enracine et ce qui l’émancipe. Ainsi, elle intègre et étend une danse intrinsèquement liée à l’écoute sonore et physique d’un environnement où le corps est un instrument vibrant et criant.
Conception, texte, chorégraphie - Anna Gaïotti
Composition musicale - vierge noir e
avec Nathalie Broizat, Clément De Boever, Silvia Di Rienzo, Léo Dupleix, Sigolène Valax
Assistant mise en scène - Frédéric Hocké
Production : LOVALOT - Anna Gaïotti
Production / Développement : Maison Trouble - Barbara Coffy-Yarsel
Coproductions : La Pop, La Soufflerie de Rezé, GMEM Marseille, Ville de Malakoff
Accueils : Performing Arts Forum, Halle aux Cuirs Théâtre de la Villette, Tanzhaus Zürich, Ménagerie de Verre, CND Pantin, La Métive, Montévidéo Marseille, GRAME
Soutiens : DRAC Île de France, Ville de Malakoff