Chang Yung Ta - "Relative Perception n°2"
Depuis que la perception humaine ne peut être ni organisée par des systèmes, ni quantifiée comme des données précises, la perception de nos sens aux nuances subtiles de l’environnement est développée grâce à la comparaison des situations et des expériences. En d’autres termes, nous percevons la différenciation des conditions ambiantes, et ainsi façonnons notre « perception relative ». Relative Perception est une série d’installations sonores qui tournent autour de la question de la réaction de nos organes sensoriels à la stimulation par le son, la lumière, la température et l’espace. La perception physique est un système de réaction instinctif et intuitif, à travers lequel le corps humain est capable d’interpréter et de répondre à la situation présente. Les êtres humains ont longtemps compté sur la vision pour comprendre le monde, ce qui explique pourquoi le premier contact visuel dicte notre assimilation et l’interprétation de l’information que nous avons reçue. Relative Perception tente d’aider les spectateurs à transcender les limites du premier contact avec les yeux, leur permettant d’acquérir des informations supplémentaires en élargissant leur horizon au-delà de la vision. La conception de cette série pose la question de la façon de voir et de l’utilisation des sens.
Je développe une suite de projets créatifs basés sur ce concept. Avec des installations sonores et spatiales, je questionne la façon établie de regarder, interrogeant non seulement les habitudes des gens de jeter brièvement un coup d’œil aux œuvres mais aussi leur sur-dépendance au sens visuel et leur mode de pensée hautement basé sur la vision. La perception humaine est limitée puis progressivement sclérosé par la force de notre «connaissance» de l’art contemporain. Notre façon d’admirer et d’interpréter les œuvres d’art n’est pas épargné par ce sort cruel. La série Relative Perception est un appel au retour à la perception pure de l’art comme une réponse à cette question. Si notre perception est limitée ou habituée à un sens physique spécifique, comme nous avons longtemps compté sur notre vue, le destin des autres sens sera l’insensibilité et la dégénérescence.
Comme installation sonore, Relative Perception Nº2 se compose de six tubes métalliques de différentes longueurs suspendus dans l’espace de l’exposition. Chaque tube se compose d’une résistance électrique chauffante intégrée, ainsi que d’un dispositif de goutte à goutte installé au-dessus. Chaque goutte d’eau qui tombe sur chaque tube métallique est contrôlée périodiquement par l’ouverture de l’électrovanne. Les gouttes d’eau en tombant et en glissant le long des tubes métalliques s’évaporent et en même temps émettent du son en raison de la température élevée des tubes chauffés. La répétition de ce processus laisse des couches de tartre et des taches de rouille sur les tubes métalliques qui servent de mémoire visuel de la production et du son disparu. Tout au long du processus de l’état liquide à l’état gazeux, la vaporisation de gouttes d’eau et le son concomitant sont d’avantage un continuum en perpétuel variation qu’un son monotone émis à partir d’un seul point fixe. En d’autres termes, ce travail produit différents sons de vaporisation dans la salle d’exposition. Les spectateurs pourront apprécier le ressenti offert par les nuances de sons produites par les différences de longueur et de température entre les six tubes métalliques.
Chang Yung Ta
Chang Yung Ta, Relative perception Nº2, 2015-2017
Production : The project is laureate of a program handled by, GRAME, Digital Art Center of Taipei and ENSBA Lyon, includes a residency of one month and an exhibition in Lyon.
Production issue d’un programme de résidence : GRAME, Digital Art Center de Taipei et ENSBA Lyon.
Photo : DR