Doppelgänger

Ce projet est basé sur la correspondance entre Pierre Boulez et John Cage, en tant que figures en opposition théorique au niveau musical, qui pourtant entretiennent une relation épistolaire, à la fois amicale et intellectuelle, jusqu’à la rupture finale autour de la figure de Morton Feldman, pour des raisons esthétiques et d’éthique musicale. Il n’est pas surprenant que deux figures aussi opposées artistiquement parlant arrivent à un point d’impossible. En même temps, en 1954, Pierre Boulez, de passage par Buenos Aires pour la première fois, écrit et reçoit depuis l’Hotel Clardige, une des lettres les plus importantes de cette correspondance. Le papier d’en-tête de cet hôtel est celui employé par Boulez dans de nombreuses lettres écrites à cette époque (à Stokowski, à Stockhausen, et à John Cage même) et pendant la traversée que le ramène en Europe.

La poétique du projet est celle de l’avatar, du double (le dopplegänger du folklore païen). C’est l’apparition dans les caves du Teatro Colon, des spectres des deux figures iconiques de la musique de la seconde moitié du vingtième siècle. Suggérer par le moyen d’un objet hybride : musical et sonore, visuel, sculptural et typographique, utopique et « scientifique »; les thématiques d’une époque et d’une relation tant au niveau musical et musicologique qu’au niveau interpersonnel et sensuel.

Dopplegänger est un prototype. Jeu d’automates qui dialoguent au travers de deux machines à écrire automatisées par deux Arduino et connectées à Max/MSP. Selon des comportements prédéfinis - sériels d'une part, et aléatoire de l'autre - points de départ théoriques de Pierre Boulez et John Cage, respectivement, les deux automates vont dactylographier toute la correspondance sur un rouleau de papier. Chaque machine sera posée sur une table avec une chaise et une lampe qui sera activée à chaque fois et désactivé à la fin de chaque intervention. Le dispositif permet un ensemble de lectures visuelles et musicales.