Flux Æterna
Flux Æterna , l’épaisseur des instants
Le réseau internet offre un terrain d’exploration fascinant pour la composition de par les questions qu’il pose sur la relation entre support d’écoute, espace de diffusion et interaction entre « partition » et « interprétation ».
La musique de Flux Æterna, composée pour l’Internet, est générée en temps réel par un serveur web, auquel on peut se connecter sur une durée indéfinie afin d’écouter le flux sur un ordinateur ou un autre support (tablette ou smartphone), tout comme si l’on écoutait une radio diffusant en direct. L’auditeur-internaute peut alors, s’il le souhaite, envoyer des fichiers audio au serveur, qui les intégrera au flux en les interprétant d’après une partition constituée par le logiciel même qui génère le flux. En suivant leurs transformations et leurs relations avec d’autres sons envoyés par d’autres internautes, l’auditeur focalise son attention et peut percevoir la nature de cette interprétation, réalisée par un programme qui se régénère en permanence et qui joue avec un matériau sonore lui même se renouvelant par l’apport des internautes.
Pour l’exposition au Minsheng Museum, Flux Æterna est présentée sous la forme d’une installation multicanal projetant le flux dans l’espace. On peut ainsi apprécier dans des conditions optimales la complexité des relations entre les sons de nature diverse et la variation infinie des objets composites résultant de leurs rencontres inattendues. Et ce d’autant mieux que chaque son occupe un espace spécifique ou dessine sa propre trajectoire spatiale.
L’installation intègre également la génération en « live » d’une partition sous forme de représentation graphique, informant ainsi des principes à l’œuvre dans l’écriture de la pièce. Elle donne un schéma des différents moments se succédant dans l’œuvre. On peut alors « lire » une représentation de ce qu’est en train de jouer le logiciel, chaque « portée » indiquant l’évolution des différentes opérations qui transforment les sons. Et aussi visualiser sur plusieurs pages, la trace des sections précédentes, soulignant de la sorte les principes qui structurent le devenir musical. De fait, ces relevés graphiques témoignent du pari en jeu dans Flux Æterna : tenter d’écrire, et donc fixer, une musique dont la durée et la forme ne peuvent pas l’être, car jouant avec des matériaux hétéroclites et indéterminés soumis par les internautes. Il en résulte une œuvre se manifestant par une succession d’instants d’épaisseur variable qui lui donnent un aspect paradoxalement statique.
Vincent Carinola : conception
Stéphane Letz : développement serveur de streaming
Marion Crayssac, DSI Production TICE et Services de l’Université de Saint-Étienne : développement Serveur web
Dominique Fober (GRAME) : partition dynamique
Remerciements et collaborations :
Stéphane Letz a apporté une aide précieuse à la réalisation de la partie encodage/streaming dans Darkice et Icecast. L’équipe de la Direction des Services Informatiques de l’Université de Saint-Etienne (DSI) a réalisé le formulaire d’envoi de fichiers- son et accueille actuellement le serveur sftp et Icecast. Laurent Pottier, Maître de conférences (HDR) à l’Université de Saint-Etienne, a permis à ce projet de bénéficier du soutien de l’Université. Ce travail est réalisé dans le cadre de recherches menées au sein du CIEREC-EA3068, Université de Saint-Etienne.