La basse (en short)
Au moins autant que la guitare électrique – dont Christelle Séry, dans ses propres œuvres ou dans celle de John Zorn ou Fausto Romitelli, explorera le vaste spectre sonore –, la basse est pour moi l’instrument du rock. Elle est en tout cas un magnifique instrument d’émancipation. Ainsi de Floy Krouchi et de Panos Ghikas, deux musiciens qui pourraient incarner à eux seuls l’éclectisme de cette Biennale. La première, « musicienne française aux identités multiples », « bassiste de formation et de cœur » au point d’avoir conçu ses propres instruments « augmentés », va-et-vient avec bonheur entre dub et hörspiel, entre performance et musique électroacoustique. Quant au second, il est le prodigieux bassiste (et violoniste) des non moins prodigieux The Chap, invités à clôturer cette édition 2020 : lorsqu’il ne joue pas – vêtu le plus souvent d’un short de tennis de marque Ellesse – de la pop dadaïste au sein de ce groupe gréco-germano-britannique slalomant brillamment entre ironie, euphorie et mélancolie, entre tubes contrariés et humour contagieux – et dont le dernier clip vidéo a été réalisé par la compositrice Jennifer Walshe –, il compose en effet de la musique « contemporaine » et enseigne au Goldsmiths College de Londres, dont il est diplômé... Musicien.ne.s caméléons, artistes insaisissables, inlassables explorateurs.