Michael Nyman - "No Time In Eternity"
Type : concert scénique
By hours we all live here; in Heaven is known No spring of time, or time’s succession.
Sous le règne d’Elizabeth 1ère, William Byrd trouve dans la Consort Song la plus belle façon de mettre en musique une poésie qui tour à tour exprime l’amour ou le désespoir, toujours avec le mélange de finesse et d’ardeur d’une confession. Son élégie sur la mort de Tallis (Ye sacred muses), déchirant de douleur et d’affliction, sera rejoint par des œuvres de compositeurs aujourd’hui moins connus, tels Nathaniael Pattrick (Prepare to die, Send forth thy sighs), John Bennet (Eliza, her name gives honour), Richard Farran (O Jove, from stately throne), Christopher Tye (Sit fast), Picforth (In nomine). Tous maîtrisent avec une grâce infinie l’art de combiner les rythmes et de sublimer un texte à travers des mélodies à la fois intenses et expressives.
En 1995, Michael Nyman crée le Self-Laudatory Hymn of Innana and Her Omnipotence, sur un poème sumérien, explosion de la divine auto-satisfaction de la déesse Ishtar. Cette grande et étonnante œuvre d’une quinzaine de minutes, particulièrement exigeante et jubilatoire, sera accompagnée des cinq Songs for Ariel, plus intimes, composées en 1992 pour le film de Peter Greenaway Prospero’s Books, ici arrangées pour notre effectif, et qui ponctueront le concert.
En 2015, l’ensemble Céladon propose de réunir ces œuvres et leurs compositeurs au sein d’un programme qui laisse entrevoir la possibilité, pour ces musiques pourtant définies par leurs époques respectives (ancienne/contemporaine), de sortir des marqueurs du temps, forcément, inéluctablement réducteurs. Pas d’opposition entre les deux époques dans ce concert, puisque la musique de Michael Nyman découle tout naturellement de celle de ses prédécesseurs ; mais plutôt un savant mélange des genres, démontrant une étonnante proximité de ces œuvres, imbriquées dans le programme : ne pourrait-on pas croire en effet, que Sit fast de Tye a été composé hier ?
Les grands thèmes qui découlent de ce programme, au delà de l’identité anglaise elle-même, sont le temps suspendu (While you here do snoring lie, Prepare to die, Cease, leaden slumber dreaming), la mort et les larmes (Send forth thy sighs, Full fathom five), mais aussi les divinités : Ariel dans les chansons de Shakespeare, Tallis, promu à sa mort au rang de dieu de la musique par William Byrd, Elizabeth 1ere, véritable déesse vivante, et bien sûr Innana dans le Self-Laudatory Hymn.
D’un siècle à l’autre, c’est à chaque fois la force d’un témoignage projeté par le timbre de contre-ténor, l’intensité du consort de violes de gambe qui porte l’envol et finalement une magie qui s’opère, l’expression paradoxale d’une voix, qui est à la fois la seule, et la sixième, une parmi les violes.
Ensemble Céladon
Paulin Bündgen : contre-ténor et direction artistique
Catherine Arnoux, Emmanuelle Guigues ou Liam Fennelly, Viviana Gonzalez Careaga, Luc Gaugler, Nolwenn Le Guern : violes de gambe
Félicie d’Estienne d’Orves : conception visuelle
Agathe Trotignon : stylisme
Jean-Cyrille Burdet : direction technique
Caroline Huynh-van-Xuan : arrangements musicaux Songs for Ariel
Gilles Pastor : textes voix off, d’après la Tempête de W. Shakespeare
Alizée Bingöllü : voix off avec le concours de KastôrAgile
Coproduction GRAME, Ensemble Céladon, Festival d’Ambronay, Centre culturel Voce de Pigna, Cité de la Voix de Vezelay. Avec le soutien du Festival de musique baroque de Tarentaise, de la DRAC Rhône-Alpes, de l’Adami et de l’APSV Rhône-Alpes
Photo : M. Cavalca