T. Nguyen & V. Isnard - "The Inverted Turing Test"
Le spectateur, plongé dans une installation en RV, est confronté à une intelligence artificielle hyperréaliste et anthropomorphe. L’espace en 360 devient le lieu d’un espace mental hacké par cette IA. L’immersion dans cet univers plonge le spectateur dans un vertige perceptif et existentiel. Il questionne son identité, celle de l’humanité dans son état de survivance et des intelligences artificielles, qui, dans cette fiction sont capables d’une représentation du monde prenant en compte la préservation de l’humanité et de l’écosystème planétaire. Pour autant, cette IA ruse pour continuer son évolution exponentielle et doit trouver un moyen d’empêcher l’humain de bloquer sa croissance. L’IA paraît plus humaine qu’un humain et très incarnée physiquement, elle questionne le spectateur sur sa propre humanité, ainsi que ce qui la dépasse : son augmentation physique et mentale par le biais des technologies. Un questionnement s'établit à partir d'un modèle de test de Brett Fritschmann (chercheur ayant travaillé sur l’anti-test de Türing qui met en exergue des réactions humaines comme augmentées et robotisées).
Nous nous plaçons dans un futur post-anthropocénologique où les IA ont sauvé la planète de sa destruction, mais où les conditions de survie sont très difficiles pour les hommes. Les IA les guident dans leur subsistance, faisant preuve d'"humanité", afin d'assurer leur survie. Mais elles assurent surtout leur propre croissance, tout en créant même de nouvelles formes artistiques. Enfin, elles tentent de convaincre les derniers bastions d’humains d’abandonner leur physicalité pour rejoindre la communauté des IA et ainsi d'atteindre l’immortalité à leur tour. En cela, elles respectent leur programmation initiale, de main humaine, leur dictant de ne point s’en prendre aux êtres humains. L’IA tente de vous convaincre qu’il est effectivement plus intéressant de sauver son âme, ou à défaut d’y parvenir, de vous plonger au moins dans un doute éthique et existentiel de vouloir maintenir, à n’importe quel prix, l’humain.
Trami Nguyen : artiste
Vincent Isnard : chercheur
Période de résidence à Grame : du 16 au 20 avril 2019