We Must

Affranchissez-moi de mes liens, Par le secours de vos mains bienfaisantes. Il faut que votre souffle favorable Enfle mes voiles, ou mon projet échoue : Il était de vous plaire.

Avec cet épilogue, adressé au public, l’acteur qui joue Prospero dans The Tempest de William Shakespeare souligne le piège dans lequel la mécanique du théâtre l’a enfermé, et dont seuls les applaudissements du public pourront le libérer. De même, dans We must, le contrebassiste est prisonnier du dispositif scénique sur lequel il se produit et qui était une contrainte première lors de la commande de la pièce. Plus largement, le compositeur Sebastian Rivas lui-même se voit aujourd’hui prisonnier d’un dispositif musical qu’il aspire depuis quelques années à élargir à d’autres media (théâtre, danse…) dans une démarche résolument pluridisciplinaire qui trouve ici l’une de ses expressions.

Le dispositif relève de l’installation, avec trois plateformes réparties dans l’espace et équipées chacune de haut-parleurs, sur lesquelles sont posées différentes contrebasses. Chacune de ces plateformes est munie de son propre éclairage, par le bas. La pièce s’ouvre sur la vision d’un rapport charnel de l’instrumentiste à son instrument, puis petit à petit, chaque geste musical ou théâtral nous éloignera de cette fusion : irruption de la voix, abandon de l’instrument, dispute de l’interprète et de son double, une séparation poussée jusqu’à l’éclatement effectif de tous les éléments constitutifs de la performance. [...]
Jeremie Szpirglas